Equipage Willekens
(1927 - 1935)
Maître(s) d'équipage | Georges et Paul Willekens (1927 - 1935) |
Territoires | Territoires privés, Bois du Lude |
Devise(s) | Tarde venientibus ossa (Aux retardataires, ne reste que les os). |
Fanfare(s) | La Willekens |
Historique | Cet équipage eut une brève existence. Il était dirigé par deux frères : Georges et Paul Willekens. Tous deux étaient des veneurs énergiques, passionnés et instruits. En peu de temps, ils montèrent l’un des équipages de chevreuil les plus performants de l’entre-deux-guerres.
Le parcours de chasseurs à courre des Willekens est assez singulier. Originaires de La Flèche, issus d’une famille de tanneurs, ils furent d’abord boutons auprès de Jacques de Juigné. Après 1918, ce dernier avait repris l’Équipage du Lude qui appartenait à son grand-père maternel. Le marquis de Juigné, qui avait eu un vautrait exceptionnel avant la guerre, chassait le chevreuil avec une nouvelle tenue et des chiens noir et blanc de pure race Levesque. M. de Juigné était très pris par ses activités de parlementaire. Il laissait volontiers son fils Henri et M. d’Andigné, son associé, diriger l’équipage. Le rôle des boutons était sans doute plus important que lorsque Jacques dirigeait activement son Rallye Juigné d’avant-guerre. Les Willekens purent ainsi être particulièrement sensibilisés à la gestion d’un équipage de chevreuil, à l’encadrement de sa meute – même s’il fut dit, par les Willekens eux-mêmes, que les chiens de l’équipage Juigné-d’Andigné chassaient assez mal…
Les Willekens à Mozé en 1935 par Karl Reille - Mémoires - Archives de l'équipage
En avril 1925, Henri de Juigné mourut brutalement d’une pneumonie et, pour cette cruelle raison, Jacques de Juigné démonta son équipage. Georges et Paul Willekens rejoignirent alors l’Équipage Anjou-Sologne, l’une des nombreuses structures qui eut pour maître d’équipage Henri d’Andigné. Cette société avait notamment pour membres actifs Jean Dehesdin, propriétaire des magasins « 100 000 chemises », Charles Pillivuyt, célèbre porcelainier, et les frères Willekens qui nous intéressent ici. La vènerie étant aussi une affaire de contraintes, Georges et Paul Willekens ne pouvaient chasser correctement avec un équipage qui évoluait à Vouzeron, à plus de 200 kilomètres de la Sarthe.
En 1927, les Willekens décidèrent donc de monter leur propre structure. Le marquis de Talhouët mit le territoire du Lude et les bois environnants à leur disposition. Ils installèrent leurs chiens à La Pigeonnière, entre La Flèche et Le Lude. Ils embauchèrent deux piqueurs, La Futaie et La Feuille, qui durent se contenter de seconds rôles puisque les patrons servaient eux-mêmes les chiens. Ces derniers étaient issus de la démonte de l’Équipage Anjou-Sologne ou avaient été acquis auprès d’une douzaine d’autres équipages fameux (Beauchamp, Fougères, Guyot, Perreau de Launay, etc.). Ces bâtards poitevins et anglo-saintongeois formaient un ensemble que le journal L’Éleveur nous présente laconiquement ainsi : « Pas plus de 23 pouces, chasseurs, fins de nez, charmants. » Georges et Paul se choisirent une tenue bleue, parements ventre-de-biche, avec galons de vènerie. La devise figurant sur le bouton s’adressait aux latinistes : Tarde Venientibus Ossa (« Aux retardataires, ne reste que les os »). L’Équipage Willekens sortit pour la première fois le 12 septembre 1927. Les débuts furent difficiles car, bien entendu, les équipages sollicités pour former la première meute n’avaient pas fourni leurs meilleurs éléments…
Fin 1927, pendant une dizaine de chasses, les Willekens couplèrent donc avec Louis Perreau de Launay pour que leurs chiens prennent modèle sur ceux d’un équipage accompli. À la fin de la première saison, qui fut une période d’observation, Georges Willekens fit le grand ménage. Sur les 49 chiens présents au chenil en septembre 1927, il en réforma 30 en mars 1928. Dès lors, les Willekens commencèrent à élever leurs propres chiens et rencontrèrent le succès (soit une moyenne d’une quarantaine de prises par saison). Le meilleur élément de la meute fut Javelot. « Lorsqu’il avait débrouillé une difficulté, il fallait entendre sa voix, assez haute et sonore, nous appeler. C’était un chien intelligent », dira, admiratif, Georges Willekens.
Tiré de l'ouvrage Deux Siècles de Vènerie à travers la France - H. Tremblot de la Croix et B. Tollu (1988)
À la fin de la huitième saison, la tannerie des Willekens rencontrait des difficultés. Les frères durent sacrifier leur équipage. Au sujet de cette dernière années, Paul Willekens écrivit avec amertume : « Saison moins amusante que la précédente mais de beaux parcours, pas un de sensationnel. »
Les chiens furent pour partie vendue à Pierre Vernes. Lors de la saison 1935-1936, les Willekens chassèrent avec Karl Reille et, en 1936-1937, il furent associé à M. Jean Couturié, dans le Rallye Loudon, où Paul Willekens fut master de 1936 à 1939.
(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 226 de la revue Vènerie) |
Race(s) de chiens | Poitevin-Saintongeois |
Chenil | La Pigeonnière 72800 Le Lude (1927 - 1935) |