Equipage du Ricoudet

Avant 1914, au coeur de cet Âge d’or de la vènerie française, les grands équipages de lièvre chassaient avec des Beagles-Harriers, sous l’impulsion du baron Gérard, ou avec des chiens gascons-saintongeois, dans le Sud-ouest. Cependant, quelques veneurs sortaient des sentiers battus. Ainsi, M. Christian d’Elva mit sur pied une race de type Grand Griffon vendéen (d’origine Baudry d’Asson et Bailly du Pont) mais sous la forme d’une réduction harmonieuse. Son créateur appelait ce chien Briquet Griffon vendéen. Il était haut de 62 à 66 cm. Avec sa meute portant poils longs, M. d’Elva chassait surtout le lièvre, parfois le renard, plus rarement le sanglier.

Les griffons de l’Équipage du Ricoudet étaient des chasseurs d’instinct, intelligents, à l’odorat sûr, à la voix forte, un brin trop indépendants. Vers 1908, ils étaient une trentaine au chenil qui se trouvait au nord de Laval. M. d’Elva élevait aussi une vingtaine de bassets griffons blanc et orange pour chasser à tir. Ces derniers gagnèrent de très nombreux prix lors des expositions canines. La meute créée pour le courre du lièvre eut plus de mal à s’homogénéiser.

L’équipage chassait en Mayenne (forêts de Bourgon, de Concise, de Gravelles, de Laval, de Mizedon) sur un territoire difficile, où tous les champs étaient clôturés. Vers 1903, les chiens manquaient un peu d’allant et on dut maintenir dans la meute quelques briquets à poil ras, plus rapides que les autres, pour éduquer à la vitesse les jeunes griffons. Cependant, l’Équipage du Ricoudet prenait souvent et, un jour où Saint Hubert se montra singulièrement généreux, trois hallalis de lièvre furent sonnés en une seule sortie.

Un piqueur servait la meute. Le pavillon qu’il occupait et le chenil adjacent sont toujours debout et visibles dans le parc du château du Ricoudet. Une dizaine d’invités habituels suivaient les laisser-courre.

Monsieur d’Elva était louvetier. Maire de Changé, il fut député puis sénateur et très impliqué dans la vie publique mayennaise. Cavalier intrépide pendant les chasses, il fut un important organisateur de courses de chevaux à Laval.

L’équipage ne fut pas remonté après la Première Guerre mondiale. Christian d’Elva mourut en 1925 à l’âge de 74 ans.

(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 224 de la revue Vènerie)