Rallye Lepus - Equipage de Maichin

Plusieurs équipages ont porté le nom de Rallye Lepus – « lepus » signifiant, rappelons-le, « lièvre » en latin. Entre 1888 et 1893, un picard, Paul Gervais, découplait ses Harriers avec une petite structure portant le nom de Rallye Lepus. M. Gervais était un chasseur éclectique. Il fut le fer de lance du renouveau de la fauconnerie au XIXème siècle. Il chassa aussi le cerf auprès des équipages qui évoluaient dans les environs de sa grande propriété de Rosoy. C’est également avec un Rallye Lepus que M. Duboys d’Angers chassa le lièvre entre 1893 et 1897. Installée à La Trigalière, en Touraine, sa meute était composée de Beagles. Enfin, à partir de 1902, Louis du Pontavice courut les lièvres mayennais après avoir acheté le château de Thuré pour en faire le bastion de son propre Rallye Lepus.

Le château du Breuil à Vernon - Tiré de l'ouvrage Deux Siècles de Vènerie à travers la France - H. Tremblot de la Croix et B. Tollu (1988)

L’équipage qui nous intéresse ici, homonyme de tous ceux précédemment cités, est celui que monta Raoul de Maichin en 1861. Né en 1842, fils et petit-fils de veneurs, Raoul était surnommé « Le Vieux Frère » par ses nombreux amis. Grand buveur de vin, propriétaire du château de Vernon au coeur du Poitou, il était un gai compagnon. Il entretenait une petite meute d’une quinzaine de bâtards poitevins, hauts de 50 cm. Vers 1890, il chassait le lièvre avec Louis Richard – qui courut plus tard cerfs et chevreuils avec le célèbre équipage Deniau-Richard. Raoul de Maichin était un veneur distingué, de l’école des La Besge – mais assurément moins solitaire que ces derniers. Il fut aussi une trompe brillante, un compositeur reconnu (on lui doit La Lastic et La Dupuytrem). « Jamais trompe plus belle / N’aura su nous charmer », assurent les paroles de la fanfare de l’équipage de Maichin.

Ses chiens du Haut-Poitou prenaient beaucoup – parmi eux, Laribaud, qui pouvait forcer son lièvre presque seul. Le piqueur qui servait la meute se prénommait André. Le fils de Raoul, Thibault, participait activement aux laisser-courre.

Ne souhaitant pas chasser seul, Raoul de Maichin couplait avec de nombreux équipages locaux. À partir de 1865 et jusqu’en 1886, il fit cause commune avec Jacques de Vezins, autre veneur fameux. Ce dernier fera merveille dans la vènerie du chevreuil avec son Rallie Aux Angevins jusqu’au début du XXème siècle. M. de Maichin s’associa également à MM. Venault de Lardinière, Prieur-Demarsay – qui chassait avec des bâtards aux origines très rares –, de La Roulière, de Clisson, etc. Intéressé par toutes les vèneries, M. de Maichin suivait la plupart des grands équipages de la région.

Lors d’une de ses sorties, le Rallye Lepus connut une étonnante fin de chasse. Le bouquin sur ses fins vint passer devant une école communale. La cloche sonna la fin de la classe. Tous les élèves bondirent joyeusement dehors et, voulant retrouver leurs foyers respectifs, foulèrent copieusement la voie avant l’arrivée des chiens. Ceux-ci, confondus par le passage des écoliers, ne retrouvèrent jamais leur lièvre. On a dit que Raoul fut ce jour-là furieux.

L'Equipage de Maichin par Raoul Gagnaire - Traité de la chasse du lièvre à courre en Poitou (1888)

Raoul de Maichin mourut en 1894. Son fils Thibault continua l'équipage jusqu'en 1905, prenant 20 chevreuils et 30 à 35 lièvres par an. Les chiens furent vendus au marquis des Réaulx, en Champagne.

(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 224 de la revue Vènerie)