Equipage La Roulière-Clisson

Avant 1875, Louis de La Roulière courait les lièvres qui peuplaient les alentours du château familial des Loges. Située sur la commune de La Chapelle-Bâton dans les Deux-Sèvres, l’imposante bâtisse était propriété de la famille de La Roulière depuis 1693. Au collège, le jeune Louis, fils d’un lieutenant de louveterie, avait rencontré un certain Enguerrand de Clisson, de deux ans son cadet. À partir de 1875, ce dernier se découvrit une passion pour la vènerie. Il invita son ami Louis, alors âgé de 26 ans, à découpler chez lui, dans la Vienne, autour du château des Piliers à Fontaine-le-Comte. Tous deux chassèrent toujours ensemble jusqu’en 1885.

Illustration tirée du Traité de chasse du lièvre dans le Poitou - Louis de La Roulière (1888) - Pairault (Paris)

En cette fin de XIXème siècle, l’endroit devint rapidement un haut lieu cynégétique où se retrouvait la fine fleur de la vènerie du lièvre poitevine. Lors de ces réunions, le fameux Raoul de Maichin, un peu plus âgé que ses camarades, faisait figure de grand frère. Colérique à la chasse mais bienveillant et pédagogue, Raoul fut considéré à la fin de sa vie comme l’un des plus savants veneurs de lièvre de France. Puisque M. de Clisson prisait tout autant la vènerie que la convivialité qui s’y associe, il invitait de très nombreux veneurs du Poitou à chasser aux Piliers : M. de Maichin donc mais aussi M. Venault de Lardinière. Ce dernier chassait avec des chiens de belles origines, Maichin et La Besge. Aux Piliers, on retrouvait aussi Paul Prieur-Demarsay avec ses fameux chiens d’origine Gorin, peu distingués mais très chasseurs. Tous ces veneurs passionnés célébraient ensemble le courre du lièvre auprès de leurs amis Louis de La Roulière et Enguerrand de Clisson.

Les chiens dont La Roulière et Clisson furent propriétaires étaient des petits bâtards Harriers-Briquets. Vers 1885, M. de Clisson, jusqu’alors sans tenue ni bouton, monta le Rallie Melle qui devint rapidement le Rallye Les Piliers. La redingote était bleue à parements noirs.

En 1888, Louis de La Roulière adressa à Enguerrand un ouvrage étonnant, Traité de la chasse du lièvre à courre en Poitou. Ce livre fut rédigé en vers sur un ton humoristique et léger. Il contient 75 illustrations originales réalisées par Raoul Gaignard, artiste dilettante, féru de vènerie et d’équitation. La deuxième partie du livre, intitulée Règles de la chasse à courre du lièvre et co-écrite avec Raoul de Maichin, contient quelques conseils sur le comportement à tenir auprès des chiens durant la chasse. Le texte fut signé « Ton ami, La Roulière ».

Illustration tirée du Traité de chasse du lièvre dans le Poitou - Louis de La Roulière (1888) - Pairault (Paris)

Enguerrand de Clisson mourut à Poitiers en 1913. En 1903, Lionel de La Roulière, fils de Louis, avait repris l’équipage de son père pour laisser-courre dans les Deux-Sèvres. Cycliste d’infanterie, il fut tué au champ d’honneur le 15 juillet 1915. Louis de La Roulière s’éteignit, lui, en 1937 à l’âge de 88 ans.

(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 224 de la revue Vènerie)