Rallye Pas des Chaumes

(1850 - 1939)

Maître(s) d'équipage M. Maurice Hennessy (1929 - 1939)
MM. James et Jean Hennessy et Robert Poinsignon (1908 - 1929)
MM. Armand et Robert Hennessy (1867 - 1908)
MM. Auguste et Frédéric Hennessy (1850 - 1867)
TerritoiresForêt d'Aulnay/Chefboutonne, Forêt de Chizé
Devise(s)Rallye Pas des Chaumes.
Fanfare(s)La Le Pas des Chaumes, La Rallye Pas des Chaumes
Historique

Avant 1849, MM. de La Chevrelière et Chabot avaient chacun quelques chiens poitevins. MM. Hennessy avaient aussi quelques chiens de Saintonge avec lesquels ils chassaient le loup en Saintonge et découplaient avec M. de Saint-Légier. Ils se réunissaient au Pays de Chaume pour chasser le renard en forêt de Chef-Boutonne, en attendant que les chevreuils qu'on avait importés de Chambord y fussent multipliés. En 1849, les loups ayant presque complètement disparu du Poitou et de Saintonge, le comte de Saint-Légier devenu âgé, fit don d'une bonne part de son équipage à M. Auguste Hennessy, louvetier de Cognac.

 

Le Rallye Pas des Chaumes - Illustration tirée de l'ouvrage La Vénerie française contemporaine (1914) - Le Goupy (Paris)

Le Rallye Pas des Chaumes - Illustration tirée de l'ouvrage La Vénerie française contemporaine (1914) - Le Goupy (Paris)

 

Vers 1850, fut alors fondé le Rallye Pas des Chaumes pour chasser le chevreuil, par MM. Auguste et Frédéric Hennessy, le baron Aymé de La Chevrelière, son frère Emile, MM. de Chabot, Edouard d'Hemery auxquels vinrent se joindre MM. H. Monnet et Edgard de Champvallier. Le nom de l'équipage est celui de la maison de garde qui servait de rendez-vous et où l'on fit plus tard un chenil. On chassait en forêt de Chef-Boutonne, Aulnay, Chizé. On prit comme tenue l'habit bleu-clair , col, parements, gilet velours bleu de roi, culotte blanche, le bouton "Halali Saintonge" du comte de Saint-Légier fut conservé. M. de La Chevrelière avait son chenil à Melzéar, M. Chabot à La Foye, M. A. Hennessy à Bagnolet. Chacun amenait chiens et valets et piquait soi-même. Mais les chiens de Saintonge manquaient de tenue, ne gardait pas le change et, après la chasse, on devait aller les chercher tour à tour pour rentrer au chenil. Les débuts ne furent pas brillants.

 

M. Hennessy alla alors chercher dans les meilleurs chenils d'Angleterre des étalons et des lices de croisement. Le résultat fut excellent dès le début ; et de l'étalon Firelorand, provenant du duc de Rutland, et de Magicienne, saintongeoise pure, sortirent les chiens connus sous le nom de "têtes noires" dont le renom s'est conservé longtemps. Les autres croisements furent aussi réussis et dès leur première année ces chiens émerveillèrent le Poitou et la Vendée. Ils furent alors découplés sur le cerf, en Moulière, avec un égal succès. Leurs saillies, dont les demandes affluèrent, contribuèrent à l'amélioration des bâtards poitevins et vendéens.

 

En 1856, les fils d'Auguste Hennessy, Richard et Jacques, et leur cousin Maurice se joignirent aux associés des premiers jours. Sous l'influence de la mode anglaise, la tenue venait d'être changée : on prit la tunique vert foncé, gilet orange, culotte blanche, bottes à revers, et galons de vénerie pour les hommes. Comme bouton ce fut la tête de brocard avec comme devise "Rallye Pas des Chaumes" de petit module. Armand et Robert, fils de Frédéric Hennessy, entrent à leur tour dans la Société.

 

En 1867, Frédéric Hennessy devient propriétaire de la forêt de Chef-Boutonne et de tout l'équipage, dont ses fils Armand et Robert prenaient la direction. La meute était alors de 40 chiens. Depuis 1863, M. de La Débutrie venait coupler avec l'équipage, pendant 4 à 5 semaines et ces réunions étaient très suivies. En 1871, M. Frédéric Hennessy achète la meute de M. de La Débutrie et prend aussi son piqueur. De 1871 à 1890, les loups étant réapparus après guerre, l'équipage prit aussi quelques louvarts.

 

Don de M. J. Fournier à la Société de Vènerie

 

En 1890, Armand et Robert Hennessy vendent l'équipage au baron Roger. Il ne sera remonté que dix-huit ans après. En 1908, la forêt de Chef-Boutonne fut léguée par Robert à son neveu James qui abandonnant la forêt de La Braconne, près d'Angoulême, où il avait formé avec la marquis des Moustiers-Mérinville et M. Firino, le Piqu'Avant Mornac. Il fondit la meute du Rallye Chizé avec celle dont il était resté le seul possesseur pour former un nouveau Rallye Pas des Chaumes. On adopte alors la tenue vert foncé, col, gilet, parements en velours orange, culotte de velours blanc, bas et bottes de vénerie. Les hommes ont les parements en drap, la culotte en velours vert et des galons de vénerie. On reprend le même bouton Rallye Pas des Chaumes mais d'un modèle plus grand et la meute est portée à 65 chiens, M. R du Poinsignon amenant des chiens du Rallye Vendée.

 

L'équipage chasse, la première partie de la saison en forêt de Chizé, et en fin de saison à Pas des Chaumes, prenant 35 chevreuils annuellement. Font partie de la nouvelle société : MM. Richard et Georges Hennessy, Roger Lévesque, de Lingniville, H. Audouin, G. Larocque, R. Poinsignon et James Hennessy qui sont tous deux maîtres d'équipage. Après guerre, en 1929, Maurice, fils de James, remonte l'équipage avec le même bouton et la même tenue. La meute composée de 50 anglo-poitevins est servie par M. Ch. Charité et Saulnier. L'équipage est dans la voie du chevreuil et chasse en Chef-Boutonne et Chizé et fait des déplacements chez M. Michel de Beauregard dans les bois de Chausseraye. En 1937 et 1938, l'équipage refit des déplacements en Braconne notamment avec l'Equipage de Saint Raphaël.

 

Extrait tiré de l'article « Ils furent maîtres d’équipage et capitaines d’industrie - 2e partie » publié dans la revue Vènerie de juin 2023 (numéro 230) :

 

« Nous cheminons désormais dans les vignes charentaises. C’est là que des feuilles vertes et translucides recueillent la lumière du soleil et que mûrissent de généreuses grappes de ce raisin blanc qui servira à la confection du cognac. À l’automne, s’engageront les vendanges et bientôt viendra le temps précieux de la distillation et celui du long vieillissement en fût de chêne. Nous sommes chez les Hennessy. Le nom de cette famille de veneurs est connu dans le monde entier grâce à sa production de cognac, la plus célèbre de toutes. En effet, l’entreprise Hennessy est aujourd’hui le premier exportateur de la précieuse liqueur. Grâce à la proximité de son vignoble avec l’Atlantique, bénéficiant du port de la Rochelle, l’eau-de-vie de vin cognaçaise a voulu et a su s’exporter un peu partout sur la planète – à la différence de l’Armagnac. Bénéficiant de ce mouvement centrifuge, l’alcool estampillé Hennessy représentait déjà près d’un quart du cognac exporté dès le milieu du XIXe siècle.

 

C’est à la fin de la Monarchie de Juillet, au coeur du XIXe siècle justement, que les frères Hennessy, Frederick et Auguste, se lancèrent en vènerie pour de bon. En habit écarlate, ils poursuivaient loups et renards charentais ; mais ne brûlons pas les étapes puisqu’il nous faut d’abord dire brièvement comment nos veneurs et négociants en alcool en vinrent à pratiquer l’art cynégétique dans les Charentes. L’histoire débute bien loin de nos forêts françaises. Nous nous retrouvons au sud de l’Irlande, dans un minuscule village portant le nom gaélique de Cill an Mhuilinn, ce qui peut être traduit par « Une Église et un Moulin » – et ce qui résume très certainement les pôles d’attraction de ce tout petit bourg. C’est là que naquit, en 1724, un certain Richard Hennessy.

 

Pour se figurer l’esprit et l’allure de ce personnage, il faut songer à Redmond Barry, le héros du film Barry Lyndon, réalisé par Stanley Kubrick et adapté du livre de l’auteur britannique W. M. Thackeray. Richard Hennessy eut une vie tout aussi romanesque que Redmond. Jeune noble catholique, il dut quitter sa terre natale pour échapper aux persécutions anglaises dans les années 1740. En France, il retrouva des camarades du même âge et fut enrôlé dans la brigade irlandaise qui servait Louis XV. Il y portait la tenue rouge et les cheveux tuyautés selon la mode de son temps. Formé au négoce après avoir rendu l’uniforme, l’Irlandais se fixa dans les Charentes avec femme et enfants. Il exporta des eaux-de-vie vers son île natale puis en vendit à la cour de France et dans les capitales européennes. Hennessy devint une maison importante durant la décennie 1790. Richard mourut en 1800.

 

Installés à Cognac dans une belle maison bâtie dans le style colonial de la Louisiane, les petits-fils de Richard Hennessy, Frederick et Auguste (que nous évoquions plus haut), firent cause commune avec des chasseurs charentais de grande renommée. Il y eut tout d’abord le docteur Jean-Baptiste Clémot. Natif de Rochefort, cité de la corderie royale et des demoiselles, ce chirurgien de la Marine entretenait une meute formée à partir du vieux sang saintongeois. On raconte que Clémot disposait d’une petite troupe de loups apprivoisés qui lui servait pour ses chasses d’entraînement. Vers 1845, les Hennessy couplaient avec ce chirurgien mais aussi avec Auguste de Saint-Légier. Ce dernier, qui avait son chenil à Orignac dans les Charentes, fut le grand artisan de la survie du chien de Saintonge, dont des éléments avaient été dissimulés dans des fermes durant les troubles révolutionnaires de la fin du XIXe siècle. Le comte de Saint-Légier choisissait méticuleusement ses héritiers cynologiques. Il légua le sang de ses précieux Saintongeois à Prosper de Ruble, à Joseph de Carayon-Latour et aux frères Hennessy.

 

Comme tous les propriétaires de purs Saintongeois de l’époque, les Hennessy constatèrent d’importants problèmes de consanguinité. Ils croisèrent leurs Saintongeois d’origine Saint-Légier avec des Foxhounds authentiques, ramenés d’outre-Manche. Ils obtinrent d’étonnants chiens blancs à la tête noire très caractéristique. Ces animaux étaient remarquables à la chasse. La Besge et Maichin en réclamèrent des saillies. Là furent les débuts du Rallye Pas des Chaumes, le grand équipage des Hennessy installé entre les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime et destiné au courre du chevreuil. Comme le Cognac Hennessy, la meute primitive du Pas des Chaumes était le fruit de la rencontre entre le vieux terroir français et les îles britanniques.

 

Publicité Cognac Hennessy - Début XXe siècle

 

Le Rallye Pas des Chaumes rassembla peu à peu tous les cousins Hennessy, fils des maîtres d’équipage initiaux. Ils chassèrent d’abord avec l’aide précieuse de Gustave Majou de La Débutrie, en forêt de Chizé et d’Aulnay, avant de vendre l’équipage au baron Eugène Roger en 1890. Ce dernier était banquier et le fondateur de l’Équipage Vouzeron-Sologne dont nous reparlerons. Durant cette parenthèse, James Hennessy, âgé d’une trentaine d’années et petit-fils de Frederick, s’associa à un autre baron des eaux-de-vie, René Firino-Martell. Celui-ci était l’héritier de la plus ancienne des grandes maisons de cognac. James et René chassèrent ensemble au sein de l’Équipage Piqu’Avant Mornac. En 1908, après le décès de son associé, James Hennessy remonta le Rallye Pas des Chaumes. Il se choisit une tenue verte dont les singuliers parements orange rappelaient ceux du Piqu’Avant Mornac. M. Hennessy, officier de marine et député de la Charente, dirigea l’entreprise familiale avec talent. Dans les publicités qui vantaient les qualités de son alcool, ce grand éleveur de chevaux utilisa volontiers les succès rencontrés par son écurie sur les champs de course. Les archives relatives aux différents équipages de la dynastie Hennessy sont à consulter sur Mémoire des équipages. »

 

(Gaspar Soulat - Extrait tiré de l'article « Ils furent maîtres d’équipage et capitaines d’industrie - 2e partie » publié dans la revue Vènerie de juin 2023 - numéro 230)

Race(s) de chiens Bâtard Anglo-Poitevin
Bâtard Anglo-Saintongeois Tête Noire
Chenil Le Pas des Chaumes 79110 Chef-Boutonne
ChevreuilLièvre