Rallye Viel Anjou
(1883 - 1932)
Maître(s) d'équipage | Geoffroy d'Andigné (1883 - 1932) |
Territoires | Forêt de Monnaie Chandelais, Forêt de Vouvant, Forêt de Rambouillet, Forêt de Senonches |
Devise(s) | Rallye Viel Anjou. |
Fanfare(s) | La Geoffroy d’Andigné, La Rallye Viel Anjou |
Historique | Le Rallye Viel Anjou est la suite de l’Équipage de La Douve dont nous devons ici dire quelques mots. L’Équipage de La Douve était la propriété d’Henri d’Armaillé (1820-1892), installé à Segré dans le nord de l’Anjou. Le marquis d’Armaillé était un fin veneur de chevreuil qui se fit une belle réputation. En 1881, une dizaine d’années avant sa mort, il fit paraître un traité, Chasse à courre du chevreuil, ouvrage qui fut sous-titré Quelques observations à ce sujet adressées à mon fils. Sauf erreur de notre part, avec cet ouvrage, M. d’Armaillé fut le premier à énoncer la théorie des chiens de change vaincus et des chiens de change convaincus – qui fera école. On trouve aussi dans ce livre un riche chapitre sur le dressage des jeunes chiens.
Par ailleurs, on doit à la célèbre peintre Rosa Bonheur la représentation d’un limier, marqué d’un « A », appartenant à la famille d’Armaillé. Peint vers 1856, cet animal surprenant, musculeux et trapu, au museau court et au poil généreux, semble à mi-chemin entre le chien courant et l’Épagneul breton…
© Collection Claude Alphonse Leduc - Château de Montpoupon
En 1883, Henri d’Armaillé, dont l’équipage avait eu Fortuné d’Andigné pour associé, céda sa meute et ses couleurs à Geoffroy d’Andigné (1858-1932), fils de Fortuné. Orphelin très tôt, le jeune Geoffroy était destiné à la carrière des armes mais, chasseur passionné, il décida de se consacrer à la pratique de la vènerie. Le bouton de M. d’Andigné portait la devise « Rallye Viel Anjou » mais, puisque les vastes installations se trouvaient au château de La Blanchaye, on rencontre parfois l’appellation « Rallye La Blanchaye » dans la presse cynégétique du début du XXème siècle. À son zénith, l’équipage de Geoffroy d’Andigné comptait 120 anglo- poitevins tricolores au chenil. Ils étaient pour la plupart originaires de l’élevage vendéen de Bois Sorin, à M. Chevallereau, dont les chiens excellaient dans la voie du chevreuil. Vers 1924, M. d’Andigné reprit les chiens de l’équipage du régiment de Rhénanie. Parmi ces animaux venus de l’est de la France, Fiston et Tempête furent des chiens de chevreuil remarquables. Un chien Levesque à manteau noir, Damgan, fit également la gloire de l’équipage dans les années 20.
Pour un équipage de chevreuil de cette époque, le Rallye Viel Anjou bénéficiait d’un personnel et de moyens très importants : trois piqueurs, deux valets de chiens, un homme chargé des chevaux et plus spécifiquement de ceux du maître, deux palefreniers, des gardes dans chaque propriété, 9 chevaux pour le maître et ses invités, 11 pour les piqueurs, etc. Le piqueur emblématique de l’équipage, La Jeunesse, qui succédait à Constant et La Feuillée, servit la meute pendant plusieurs décennies, de 1896 jusqu’à la démonte. Il prit une importance considérable. Le commandant de Montergon raconte que La Jeunesse voulut un jour s’installer comme fermier avec femme et enfants et quitter l’équipage. M. d’Andigné lui dit alors, comme un ultimatum : « La Jeunesse, si tu ne reviens pas, je bazarde tout ! » La Jeunesse revint et rien ne fut bazardé.
© Geoffroy d'Andigné vu par Karl Reille - Archives de l'équipage
Un jour, Geoffroy d’Andigné, homme de défis et veneur malicieux, fut convié par la duchesse d’Uzès à prendre l’un des cerfs de Rambouillet, avec sa meute de chevreuil. D’Andigné savait que, à Rambouillet, l’obstacle principal à la prise était l’un des grillages entourant la forêt. Sans entraînement spécifique, les chiens ne parvenaient pas à les sauter. Plusieurs semaines avant le déplacement, on installa dans le chenil de La Blanchaye une clôture haute comme celles que l’on trouvait dans les Yvelines. Les chiens devaient la franchir pour accéder à leur soupe quotidienne. Ainsi accoutumée à l’obstacle, la meute du Viel Anjou triompha des grands cervidés offerts par la duchesse…
Engagé comme simple cavalier à l’âge de 56 ans, Geoffroy d’Andigné fut un héros de la Première Guerre mondiale. Il fut député du Maine-et-Loire de 1924 à sa mort, en 1932. C’est La Jeunesse qui procéda aux formalités lorsqu’il fallut vendre l’équipage par lots.
Le commandant de Montergon a consacré neuf pages à cet équipage dans son ouvrage.
(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 226 de la revue Vènerie) |
Race(s) de chiens | Bâtard Poitevin |
Chenil | Château de La Blanchaye 49500 Segré (1883 - 1932) |