Equipage de Zutkerque

(1766 - 1823)

Maître(s) d'équipage Baronne de Draëck (1766 - 1823)
TerritoiresForêt d'Hesdin, Divers
Historique

La silhouette austère d’une cavalière se profile au bout d’une sombre allée. Elle porte un haut-de-forme. Une large trompe – à la Dauphine – encercle sa poitrine. Elle embouche son instrument et sonne la fanfare du louvard. C’est l’animal que son équipage vient d’attaquer. Approchons-nous.

 

Equipage de Zutkerque

La baronne de Draëck - Illustration tirée de l'ouvrage Un Siècle de Vènerie du comte du Passage - 1912 - Pairault (Paris) - Bnf

 

Ce veneur est né en 1747 et il est bien connu des gens du Nord. Il s’agit de Marie Cécile Charlotte de Laumétan (on rencontre aussi « Lauréatan », « Lamétan » ou encore « Laurétan »), baronne de Draëck. Ce personnage étonnant et excentirque était surnommé "La Dame aux loups". Il constitue une figure pour le moins étonnante de l’histoire de la vènerie.

 

Celle qui, encore pensionnaire au couvent des Ursulines de Saint-Omer, poursuivait les rats avec un gourdin, disposait d’un équipage installé au château se situant sur la commune de Zutkerque (entre Calais et Saint-Omer). Sur le terrain de cette bâtisse simple du XVIIIe siècle se trouvait le chenil de la baronne. Grâce à son mariage avec le baron de Draëck, elle avait hérité de l’Équipage de Zutkerque, en même temps que de son titre. La baronne a toujours porté le vêtement d’homme. On raconte d’ailleurs que, lors de ses noces en août 1771, le curé refusant d’unir deux personnes portant des costumes masculins, Mlle de Laumétan dut revêtir une robe par-dessus ses habits. Quoi qu’il en fût ce jour-là, son époux se montra toujours libéral et lui permit par la suite de s’habiller selon ses goûts, si subversifs fussent-ils. Laissons là ces considérations vestimentaires.

 

La baronne de Draëck a surtout pu jouir pleinement de l’équipage de son époux (un piqueur, un valet de chiens, du personnel et 40 chiens destinés principalement au courre du loup). Elle était entièrement dévouée à la vènerie, chassant tous les jours ou tous les deux jours. Sa capacité à prendre les loups des bois du Pas-de-Calais l’avait rendue si populaire auprès des agriculteurs du pays que, durant les tumultes de la Révolution, les municipalités bénéficiant de son zèle rédigèrent un courrier aux autorités pour que la baronne ne soit pas embêtée. « Personne mieux qu’elle ne dirige les chasses, le district demande donc à l’Assemblée nationale de ne pas inquiéter la dame de Draëck », explique l’élogieuse missive.

 

Son piqueur était aidé dans sa tâche par Caroline, femme de chambre de la baronne. Elle aussi montait à cheval et sonnait parfaitement ; au point de donner des leçons de trompe à Boulogne-sur-mer. Lorsque la baronne de Draëck mourut en 1823, sa fidèle Caroline assista désarmée au démantèlement progressif de l’équipage, confié au vicomte d’Artois qui avait, semble-t-il, peu d’intérêt pour la chose cynégétique. En bonne nordiste, Caroline gagna finalement sa vie en tenant un gallodrome (lieu où se déroulent les combats de coq).

 

(Texte Gaspar Soulat - Extrait de la revue Vènerie n°215 - Septembre 2019)

Race(s) de chiens Fox Hound
Stag Hound
Chenil Château d'Ablain 62153 Ablain-Saint-Nazaire
LoupCerfLièvreRenardBlaireau